subject: Laura De Walter Benjamin [print this page] Cette exposition sur Walter Benjamin repose sur une description de la mthodologie quutilisait le philosophe allemand pour classer ses archives, et dans un mme mouvement un clairage sur le contenu de ces archives. Le penseur critique de la modernit, lun des premiers qui exprima langoisse tragique des philosophes face au basculement de la civilisation europenne, tait un collectionneur polymorphe, classant et organisant des ensembles trs divers de manuscrits, tapuscrits, cartes postales, carnets de notes, enveloppes, tickets, photographies, coupures de presse, registres, fichiers, rpertoires, carnets dadresses, paperolles etc. Benjamin tait aussi un collectionneur de jouets russes, dont il observait lvolution plastique qui lui permettait den tirer des enseignements anthropologiques sur le rapport de la socit aux formes, et aux usages des objets.
Tout ce spectre darchives dresse un portrait mouvant dun philosophe au travail comme dans la sphre prive, inventant des jeux, dessinant des allgories philosophiques, collectionnant des cartes postales de peintures de Lippo Memmi, rdigeant des microgrammes la Robert Walser, et entretenant des liens troits avec les plus grands auteurs de langue allemande du XXe sicle : Gershom Scholem, Bertolt Brecht, Theodor Adorno, Hannah Arendt. Sans oublier Robert Musil et la photographe Gisle Freund dont les portraits de Benjamin structurent cette exposition quand ses lettres en rvlent laspect tragique. Car oblig de fuir lAllemagne avec larriv dHitler au pouvoir dans les annes 30, Benjamin resta en France en ngligeant les risques quil prenait quand les nazis envahirent lEurope, tant uniquement concentr sur son travail, ses livres crire. La correspondance de Benjamin avec Gisle Freund en 1939-1940, dvoile lettres aprs lettres ltau nazi et franais collaborationniste se resserrant sur Benjamin, lacculant au suicide le 26 septembre 1940 Port-Bou, la frontire franco-espagnole, privant le monde prmaturment de lun des plus grands penseurs du XXe sicle.
Cette exposition savre trs mouvante notamment par une combinaison troite darchives crites avec de nombreux documents visuels, commencer par les nombreuses photographies ralises par les artistes Germaine Krull, Sasha Stone et Gisle Freund, montrant autant les passages parisiens, thme central de luvre de Benjamin que des endroits singuliers de sa ville dadoption mais aussi des portraits de lui-mme, seul ou avec Arendt, Brecht, Scholem, Freund ou sa famille. ces images sajoute une tonnant collection de cartes postales, dont toute une srie de Sibylles dans des postures thtralises, des reproductions de peintres italiens comme Taddeo di Bartolo, Bartolo di Fredi, Gozzoli, venant de San Gimignano, et surtout les propres dessins de Benjamin dans lesquelles il vhiculait son esprit espigle sous forme dnigmes, de mystres et autres rbus, dont ltranget fait passer la question du Sphinx dipe pour une aimable plaisanterie.
Le penseur critique de la modernit, lun des premiers qui exprima langoisse tragique des philosophes face au basculement de la civilisation europenne, tait un collectionneur polymorphe, classant et organisant des ensembles trs divers de manuscrits, tapuscrits, cartes postales, carnets de notes, enveloppes, tickets, photographies, coupures de presse, registres, fichiers, rpertoires, carnets dadresses, paperolles etc. Benjamin tait aussi un collectionneur de jouets russes, dont il observait lvolution plastique qui lui permettait den tirer des enseignements anthropologiques sur le rapport de la socit aux formes, et aux usages des objets.